Saturday, August 29, 2015

Réflexions - Charles - Français

-- English is in another post --

Depuis plusieurs années, je roule plus de 10,000 km par année en vélo.  Pendant ces années, j'ai toujours dit qu'après ma retraite, la première chose que je ferais, serait de traverser le Canada en vélo. Il y a une différence entre rouler 80 km quotidiennement et faire du cyclo tourisme.  On ne revient pas à la maison après chaque randonnée.   La route est toujours inconnue et il faut se fier sur l'internet pour planifier la prochaine journée.   On aimerait avoir beaucoup de linge, d'équipement et de nourriture, mais le plus on emporte de chose et le plus pesant que devient le vélo.

Je crois que je ne suis jamais parti de la maison en vacance pour plus de 10 jours.  Le plus longtemps que je suis parti avec un vélo chargé est 3 jours. Et ma femme n'avait aucune expérience de tour de vélo.   Elle a toujours été une cycliste occasionnelle.  

Quelques années passées, un de mes amis a fait une randonnée à pied (hike) de 6 mois, le sentier des Appalaches.  Il m'a dit qu'il avait lu que seulement un petit pourcentage des personnes qui débutent ce sentier réussissent à le finir.  La raison principale étant les blessures.  Pour éviter de se faire mal, la meilleure façon est de commencer lentement et augmenter vos distances progressivement.  Lorsque fatigué, c'est toujours bon de prendre un jour de repos.  

Donc, lorsque nous sommes arrivés à Vancouver, nous avons commencé par faire du vélo dans la ville pendant 4 jours.  Nous avons visité la région et nous sommes habitués à vivre comme des cyclistes.  Avec comme seul moyen de transportation, notre vélo, nous avons appris que pour visiter quelque chose, la distance et l'élévation allaient faire une différence.  Lorsque nous demandons des directions aux gens, la réponse n'était pas en kilomètres, mais en minutes.  Donc s'ils disaient 20 minutes d'ici, il nous fallait multiplier par 3. 

Se promener en vélo dans la ville durant ces 4 jours a été très brutal pour mon épouse.  Avec le traffic intense de la ville et les grosses buttes, et le fait que ma femme s'habituait à avoir ses pieds clippés  sur les pédales, elle est tombée plusieurs fois.  Par le temps où nous avons officiellement commencé notre tour du Canada, elle avait des bleus de la tête aux pieds.  Elle s'est levée à chaque fois et n'a jamais parlé de tout canceller.   C'est après tout cela, que pour la première fois, je me suis dit que c'était possible que je ne soit pas seul à la ligne d'arrivée. 

Je n'ai jamais parlé de cela à mon épouse, mais mon but était d'avoir une moyenne  d'au moins 100 km par jour.  Pour rendre la chose plus difficile,  à la 3e journée nous allions commencer les grosses montées.   J'ai dit à ma femme que nous allions faire 1 km à la fois.  Ce serait toujours notre but.  Nous allions terminer nos journées lorsque nous serions fatigués et nous n'allions pas regarder notre moyenne de vitesse de la journée.  Et je lui ai aussi dit que si jamais, à un point donné, elle ne se sentait plus capable de continuer et voulait cesser, nous pourrions acheter une voiture.  Nous avons commencé en prenant une pause après chaque kilomètre et nous avons progressivement augmenté le temps entre les pauses.  Par le temps que nous sommes arrivés à la maison, nous n'arrêtions qu'à chaque 25 km. 

Et puis il faudrait parler de tous les cyclistes que nous avons rencontrés sur la route.  Nous avions tous une chose en commun, même si certains avaient plus d'expérience; le but était toujours de se rendre de point A à point B.  La chose importante était de s'y rendre et non pas combien vite on allait le faire.   Quand les gens entendaient que mon épouse n'avait pas d'expérience antérieure , elle a reçu beaucoup d'encouragement.  Marthe a beaucoup bénéficié de tout cela.  Sa confiance augmentait. 

Après quelques jours, nous avons commencé à rencontrer assez souvent un cycliste de l'Ontario, Kevin Ticknor.  Il voyageait seul et comme nous allions à la même vitesse, nous avons commencé à planifier nos journées ensemble.   Nous voulions tous nous lever très tôt et terminer tôt dans la journée.  Et comme nous, il aimait faire un mélange de motel et camping. 

Ceci est le moment où Marthe a commencé à réaliser que son rythme était bon.  Kevin était aussi très bon à lui faire savoir qu'elle s'arrangeait très bien.  Ça faisait une dizaine de jours que nous étions sur la route et Kevin m'a vraiment aidé à pousser Marthe.  Nous faisions de plus grandes distances.  J'étais très content.  

Oui, il y avait des jours où je devais pousser Marthe un peu, mais en général, je dois dire que pour une personne qui a toujours dit qu'elle n'est pas athlétique, elle faisait très bien.  Nous rencontrions plusieurs cyclistes et ils lui faisaient tous de très bons commentaires.  Il n'y a pas beaucoup de femmes de plus de 50 ans qui feraient cela. 

Par le temps où nous avons atteint les prairies, nous allions très bien.   Rendus à Winnipeg, nous nous sommes séparés de Kevin et avons décidé de faire le tour des Grands Lacs du côté américain.  L'accotement en Ontario est plus étroit et je savais que Marthe serait plus confortable.  Nous avons reçu de bons conseils d'un couple de Duluth et cette route serait bien plus sécuritaire. 

Une fois de retour au Canada, nous avons pris la direction de 'Bruce Peninsula'.  Ce serait une autre route plus sécuritaire et nous avions aussi des connaissances où nous pouvions coucher.  Nous roulions presque toujours un 100 km par jour.  Ma femme n'aimait pas que je planifiais ces grandes journées,  alors j'avais toujours l'option 1 et l'option 2.  Ça la faisait se sentir mieux.   Une chose que je dois mentionner, c'est que la température était bien bonne pour nous.  S'il pleuvait, c'était toujours durant la nuit ou la soirée.

Et ensuite, le frère de Marthe s'est joint à nous pour une semaine.  Son épouse nous suivait en voiture, et ce fut une nouvelle expérience.  Pour la première fois nous n'avions pas à nous inquiéter de combien loin serait un restaurant ou épicerie de notre destination.  Nous avons très bien aimé la compagnie et nous avons eu bien du plaisir.

Après cela, ça s'est passé très vite.  Nous étions plus rapides, nous faisions de plus grandes distances et nous avions beaucoup de personnes à visiter.  Nous sommes allés chez mon fils à Ottawa et chez mon frère à Montréal.  C'était 3 nuits sur 4, où nous couchions chez de la parenté.  C'était très spécial, surtout après être parti de la maison depuis si longtemps.  Nous étions rendus dans la province de Québec.  Depuis Ottawa, nous étions presque toujours sur des pistes de vélo, loin du trafic.  Très tranquille et relaxant.

La route de Montréal à Québec, était elle aussi presque uniquement sur des pistes de vélo.  Nous adorions cela.  Nous avons seulement rencontré du gros trafic dans la région de Rimouski.   Marthe avait prévu du début de se rendre à Saint-Louis.   C'est à Rimouski qu'elle a vraiment décidé que Saint-Luois serait sa destination finale.  Ceci n'a pas changé sa motivation.  Nous allions toujours très bien.  

Rendu à Saint-Louis elle a confirmé qu'elle voulait terminer son voyage et j'étais 100% de son côté.   Ses mains devenaient engourdies et après 6300 km je crois vraiment qu'elle méritait une pause.  Elle avait accompli son rêve.  Il n'y a pas beaucoup de gens qui pensaient qu'elle réussirait, et elle a prouvé qu'ils se trompaient.  

Nous avons aussi appris qu'un cycliste que nous avions rencontré en Colombie-Britannique est décédé dans un accident de la route.  Nous avions partagé un site de camping avec ce joyeux cycliste et l'avions rencontré plusieurs fois sur la route.  Il avait aussi dit à mon épouse, à plusieurs reprises, comment impressionné il était de la façon qu'elle se débrouillait pour une débutante.  Il était né en 1961, tout comme moi, et il avait le même rêve que nous.  Son décès est un gros facteur dans la décision de Marthe de terminer son voyage à Saint-Louis.  

C'était très émotionnel pour elle quand nous sommes arrivés à Caraquet.  Elle était bien heureuse de voir son père.  Nous aurions aimé y rester plus longtemps, mais puisque nous étions partis de la maison depuis si longtemps,  le désir d'arriver chez nous nous a fait partir le lendemain.  Ceci est l'endroit où Marthe s'est surpassée.  Nous avons fait une journée de 169 km, une distance qu'elle n'a jamais cru qu'elle pourrait faire en une journée.  

Les repas avec son père à Caraquet et avec mes parents, le lendemain, furent très spéciaux.  C'était un plaisir d'être réuni avec nos parents.  Marthe avait terminé son périple en vélo, mais moi, je devais me rendre à St John's, Terre-Neuve.  

Après avoir été parti sur la route pour tous ces jours, et moi qui la poussait toujours pour faire plus de kilomètres, elle n'a pas hésité et a dit qu'elle me suivrait en voiture.   De cette façon ce serait bien plus facile pour moi.  Elle aurait tous les bagages dans la voiture.  Je continuais donc mon tour supporté.

Je faisais certain de ne pas rouler trop longtemps.  Cela lui donnait le temps de relaxer au motel le matin.  Elle me rencontrait toujours en début d'après-midi à un motel prédéterminé.  Elle arrêtait aussi en route si elle me rencontrait sur le côté du chemin.  Je n'ai jamais eu besoin d'arrêter en chemin pour acheter quelque chose, puisque le matin je partais toujours avec assez de manger et breuvages pour me durer toute la journée.   J'étais bien plus léger, roulais plus vite et avec la voiture, nous avions maintenant la chance de visiter un peu plus la région.  Quand j'ai atteint Cape Spear, moi et Marthe étions tous les deux très contents et fiers de ce que nous avions accompli.

Nous avons bien aimé les motels et le camping, mais je dois mentionner les fois où nous avons été gâtés et sommes restés dans des maisons.  Le tout a commencé à Vancouver, où nous avons été invités à souper par la famille Wye.  Nous les avions reçus dans leur tour du Canada, il y a déjà quelques années.  Nous avons bien apprécié la nourriture, les conseils et l'encouragement.

Et puis, dans le nord du Minnesota, nous sommes restés deux jours au chalet des Hoeg.  C'était la fin de semaine de la fête de l'indépendance aux États-Unis.  Le chalet au bord du lac était comblé de nourriture maison et de gens merveilleux.  Ils nous ont donné de très bons conseils et nous ont accueillis de nouveau à leur maison à Duluth.  Ils savent comment vous faire sentir comme chez vous.

Ensuite, les deux nuits à Lion's Head.  Encore une fois traités comme royauté par la famille Lougheed.  C'est bien facile de rester dans une maison avec une salle de bain, une cuisine, un frigo et un lit.  Et bien entendu, beaucoup de nourriture.  Vous ne voulez pas partir, mais les kilomètres ne s'ajoutent pas si vous restez.  

Et puis nous avons été gâtés à Ottawa, Montréal, Caraquet et Saint-Louis.  Ce qui est bien agréable en  faisant du cyclotourisme c'est qu'on peut manger tout ce qu'on veut.  Nous brûlons tant de calories dans une journée que nous devons toujours manger.  Et quelle meilleure place pour manger que dans une maison!

Conclusion:

Quand vous pensez que chaque heure de route en voiture peut se comparer à une pleine journée de vélo, c'est assez difficile de croire que tant de personnes aiment cela.  Vous rencontrez beaucoup de personnes qui partagent le même rêve et la même passion.  Vous devenez amis à vie avec des étrangers.  Quand vous arrivez à la fin de votre voyage, et que vous partagez votre expérience avec les autres, c'est vraiment spécial.

Quand je suis arrivé à Cape Spear, ce fut un sentiment que je n'ai jamais eu auparavant.  J'étais à la fin de ma route.  Je l'avais accompli.  Oui, ça peut être dangereux, mais oui, je sais que je ferai d'autres tours en vélo.   Vous apprenez à apprécier les petites choses.  La vie est bien simple.

Avec tout ceci, j'ai aussi appris beaucoup à mon sujet.  Avant, si quelqu'un m'avait demandé de les accompagner dans un tour de vélo pour plusieurs semaines, j'aurais probablement refusé.  J'avais toujours fait du vélo seul et je regardais toujours ma vitesse moyenne et ma distance totale.   Je me suis trouvé patient.  J'étais heureux juste à faire du vélo.  La vitesse n'était pas importante.  Faire une tournée en vélo est pour s'amuser, avoir du plaisir et n'a rien a voir avec comment vite on se rend à destination.  

J'espère que mon épouse a autant aimé son expérience que moi.  Elle a appris beaucoup pendant ces dernières semaines.  Elle sait qu'elle a encore besoin d'améliorer certains points.  Elle est bien meilleur et je suis certain qu'elle s'améliorera encore.  Pour se sentir confortable sur un vélo, ça prend beaucoup de pratique.  Elle est définitivement sur la bonne voie.

Nous avons fait ce voyage de deux différentes façons.  Le futur nous dira quoi faire.  L'important est d'avoir du plaisir et adorer ce qu'on fait.  Ce fut la meilleure été de ma vie!  J'ai bien hâte de dépasser ceci. 



















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